Les femmes sans enfant: un précieux lectorat à qui l’on s’adresse trop peu.

Que ce soit à l’épicerie, au dépanneur, à l’aéroport ou dans les salles d’attente des cliniques médicales , les magazines québécois, américains et européens font leur une d’histoires autour du thème de la maternité.

De la femme ayant donné naissance à un bébé miracle à 45 ans, à  la vie rêvée en famille, en passant par la  plénitude enfin atteinte, grâce à la naissance du premier poupon, la fixation constante autour des ventres des vedettes est au rendez-vous!

Bien sûr, comme enseignante au primaire, je m’attendris encore devant l’apparition d’une maman et de son bébé enjoué au détour d’une allée d’épicerie.

Mais je sais que ce n’est pas le cas pour toutes les femmes. En effet, pour certaines, cette simple vision exacerbe davantage leur souffrance de ne pas être mère.

Et, trop souvent, en tant que femme célibataire sans enfant, lorsque j’ouvre les magazines, je déchante.

Je constate, encore avec lassitude, que les reportages sur l’allaitement et sur la conciliation travail-famille, eux, se multiplient.

Heureusement, depuis la parution de la une du prestigieux Time Magazine en août 2013 intitulé  The childfree life ( que je qualifierais ici d’audacieuse), je dois admettre que les choses commencent à changer au Canada. Lentement…

En effet, le mensuel Châtelaine en janvier 2014, a consacré un article complet à mon blogue, Femme sans enfant. Puis en mai 2015, le mensuel publie un nouveau texte signé Mylène Tremblay. Le magazine Maclean’s a diffusé, dans son numéro du 31 mars 2014 , un article intitulé, The no- baby boom: un portrait exhaustif signé Anne Kingston, mettant en scène des porte- parole déterminées à faire entendre la voix des femmes et des hommes sans enfant tant au Canada, aux États-Unis ainsi qu’en Europe. En mai 2014, c’était au Magazine Véro de publier un article sur les femmes sans enfant par choix.

Je profite donc de la Semaine Canadienne de Sensibilisation à l’Infertilité , du 19 au 26 mai 2015, pour partager mes plus profondes aspirations, celles d’entendre plus fréquemment cet autre discours: celui des femmes qui se réalisent en dehors de la maternité. Je souhaite de tout coeur qu’un éditeur de magazine canadien ait l’audace de s’adresser directement à un public sans enfant à travers des chroniques mensuelles.

En effet, comme en font foi les chiffres de la dernière étude du Print Measurement Bureau publiée à l’automne 2013,  la moitié des lecteurs et lectrices de magazines canadiens serait sans enfant, soit 11 023 000 personnes sur 21 777 000.

Quant aux lectrices féminines sans enfants, elles constitueraient plus du quart du lectorat des magazines canadiens soit 5 562 000.

Quand on sait que le lectorat des magazines canadiens était en baisse de 2003 à 2009 pour finalement se stabiliser, sans croissance marquée depuis l’automne 2013,  ne serait-il pas temps de consacrer des articles mensuels s’adressant davantage aux femmes et aux hommes sans enfant soit par choix, pour cause d’infertilité sociale ou par circonstances de la vie?

Cela contribuerait grandement à la compréhension, à la valorisation et à la reconnaissance de ce parcours de vie différent et encore bien marginal, aux yeux de la société actuelle.

Et après tout, les femmes et les hommes sans enfant, ne constituent-ils pas, à eux seuls, une grande partie du lectorat des magazines?

 

Catherine-Emmanuelle Delisle

 

 Références:

1- PMB 2013 Fall, 2-Year Readership and Product Database.

2- Institut de la statistique du Québec, Magazines Canada et Centre d’étude sur les médias de l’Université Laval.

3-http://www.magazinescanada.ca/uploads/File/AdServices/FastFacts/2013_Consumer/French /Solide.pdf

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13 Comments

  1. Valérie 2014/06/01 at 9:09 am

    Je suis totalement d’accord avec toi! En France ce genre d’article, reportage est totalement inexistant, alors qu’à l’inverse les reportages écrits et vidéos sur le joie d’être mère pullulent. Quand on voit le nombre de magazines dédiés à la grossesse et à la famille, je pense qu’il y a en effet un créneau à occuper pour le reste du lectorat feminin!

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    1. Catherine-Emmanuelle Delisle 2014/06/01 at 1:34 pm

      Bonjour Valérie!
      Merci de votre commentaire. Pour faire bouger les choses davantage, je vous encourage à partager cet article sur les médias sociaux. Merci de me suivre!

      Catherine-Emmanuelle

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  2. Sabine 2014/06/02 at 4:00 pm

    Bonjour Catherine-Emmanuelle,
    Je rejoins ce qui dit Valerie. En France, tout ce qui se rapporte aux “sans-enfant” est inexistant, tabou. D’ailleurs une femme sans enfant par choix est considérée comme une egoïste (j’ai même entendu le terme “déviante”, ça m’a fait froid dans le dos!), une femme qui ne peut en avoir fait pitié (comme si elle avait une maladie incurable)!
    Et donc pour reparler de la presse…J’ai écris hier au magazine “Marie-Claire” (France) pour l’inciter à parler de ce sujet…et j’ai parlé du Blogue “Femme sans enfant”!! J’espère que cela portera ses fruits.
    Merci encore pour ce que vous faites.
    Sabine

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    1. Catherine-Emmanuelle Delisle 2014/07/23 at 5:20 pm

      Bonjour Sabine!

      Je voulais vous remercier encore pour votre démarche auprès de Marie Claire. On parle maintenant de mon blogue dans l’édition du mois d’août grâce à vous!

      Merci de contribuer à faire rayonner le tout dans le but d’aider encore plus de femmes.

      À bientôt!

      Catherine-Emmanuelle

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    2. sandrine 2015/05/22 at 11:40 pm

      Nous sommes considérées comme des bêtes curieuses voire même comme des erreurs de la nature. Moi même, une fois sur facebook une personne m’a dit que des personnes comme moi aurait du finir comme les juifs (point godwin). Une autre amie m’ raconté qu’un soir elle discutait avec des amis d’amis, et que quand elle a dit qu’elle ne voulait pas d’enfant, des mecs avec le QI de la mayonnaise, qu’ils allaient la violer et qu’après elle changerait d’avis. Depuis elle a coupé les ponts avec eux. Nous aussi nous sommes victimes de racisme, mais rien n’ai fait pour lutter contre ça.

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      1. Catherine-Emmanuelle Delisle 2015/06/07 at 12:25 pm

        Chère Sandrine,

        Il y a encore beaucoup d’éducation à faire malheureusement…

        Un article à la fois, j’y travaille sans relâche.

        À bientôt!

        Catherine-Emmanuelle xo

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  3. Pingback: Famille sans enfant | Planète FPlanète F

  4. Marie Anne 2014/08/19 at 11:51 am

    Bonjour,

    J’ai découvert ce site grâce à sa mention dans Marie-Claire… j’ai 38 ans, suis mariée depuis 10 ans.. et sans enfants, malgré tant de tentatives de FIV. Je fais mon deuil petit à petit et de mieux en mieux. Idem pour mon mari car les hommes aussi ressentent la pression sociale et la condescendance qui entourent les personnes infertiles. Je suis heureuse de découvrir votre blog, qui n’est pas dans l’apitoiement nunuche mais qui parle quand même des moments délicats (approche de la fête des mères, etc)… on se sent moins seule!

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  5. Eve 2015/03/29 at 3:52 pm

    Il faudrait aussi ne pas oublier les femmes qui n’ont pas d’enfant parce qu’elle n’en veulent pas. On parle toujours de la femme sans enfants via l’infertilité ou à cause des circonstances de la vie. Comme si ne pas en vouloir point était tabou, impossible. comme si la femme ne doit être que pour être mère ou regretter de ne pas l’être. Non merci!

    Reply
  6. Audrey 2015/05/22 at 4:07 am

    “Bien sûr, comme enseignante au primaire, je m’attendris encore devant l’apparition d’une maman et de son bébé enjoué au détour d’une allée d’épicerie.

    Mais je sais que ce n’est pas le cas pour toutes les femmes. En effet, pour certaines, cette simple vision exacerbe davantage leur souffrance de ne pas être mère.” Et pour d’autres, telles que moi, cela agace!!! Il existe des femmes qui ne sont pas attendries devant des bébés et qui s’en foutent royalement et qui même les évitent comme la peste! Cet article a oublié ces femmes là ! Je suis sans enfants par choix, et cette société qui ne jure que par la maternité m’épuise et m’énerve… L’épanouissement de la femme peut passer par autre chose que la maternité au 21ème siècle !!! Ils devraient beaucoup plus nous cibler et s’adresser à nous… comme les américains le disent, nous sommes des DINKS (Dual income,no kids),nous avons de l’argent,pas de nounou, d’études, de jouets à payer, du temps libre à foison pour nos activités favorites… nous sommes une cible de choix… Qu’attendent ils???

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    1. Catherine-Emmanuelle Delisle 2015/06/07 at 12:22 pm

      Chère Audrey,

      Je vous lance le défi de prendre la plume et de faire la recherche pour écrire cet article. Je le diffuserai avec le plus grand des plaisirs.

      Ensemble, nous pouvons changer les choses!

      Catherine-Emmanuuellexo

      Reply
  7. Sandrine 2015/06/01 at 12:43 pm

    Berlherm,
    Tu exprimes parfaitement ce que je pense, un gros merci pour ce commentaire ;0)

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