Dans le but de rapprocher les mères et les non-mères et de les encourager à maintenir le dialogue nécessaire pour assurer la poursuite de leur relation, je suis fière de présenter la deuxième entrevue d’une nouvelle série appelée, » Mon amie sans enfant: une perle dans ma vie! « .
Chloé Deraiche, à 38 ans, est mère de trois enfants. C’est aussi une de mes amies d’enfance. Elle nous présente ici fièrement une femme sans enfant importante dans sa vie: sa tante, Marie-Suzanne, âgée de 60 ans.
1-Chloé, expliquez-nous comment votre tante, Marie-Suzanne, a joué un rôle déterminant dans votre vie de mère et de femme.
La grossesse, l’accouchement et l’allaitement de ma fille Mia ont été extrêmement pénibles. J’étais dépassée par la situation et je n’arrivais pas à m’en remettre. Marie-Suzanne m’a alors offert de venir me donner un coup de main physique et moral, une journée par semaine. Je dis souvent qu’elle m’a sauvé la vie!
C’est grâce à ces moments d’échange, d’entraide et de proximité que notre relation s’est vraiment développée et approfondie.
Marie-Suzanne a su bâtir de très beaux liens avec mes trois enfants. Elle nourrit ces relations depuis des années.
2- Croyez-vous que Marie- Suzanne soit une femme plus épanouie parce qu’elle n’a pas d’enfant?
Pour être honnête, avant que l’on aborde le sujet dans le cadre de cette entrevue, je ne m’étais jamais demandée si ma tante aurait été plus épanouie avec des enfant. La valeur d’une personne ne repose pas sur le fait qu’elle ait des enfants ou pas, selon moi. Ce qu’elle est et les valeurs qu’elle incarne compte davantage.
J’admire le côté non-conventionnel de Marie-Suzanne. Elle oeuvre en effet depuis des années dans les arts visuels. Son côté dynamique, ludique et sportif apporte un vent de fraîcheur et de créativité à mes enfants et je lui en suis reconnaissante.
3-Marie-Suzanne, mis à part la famille, êtes-vous entourée d’un bon réseau d’amis?
En vieillissant, je constate à quel point il est important de se bâtir un réseau, particulièrement quand on est célibataire. J’ai la chance d’avoir beaucoup d’amies mais la présence d’ hommes me manque en ce moment. En vieillissant, la peur de me retrouver seule dans une résidence, est bien présente.
Je réfléchis aussi beaucoup à des manières d’élargir mon réseau . J’ai envie de me tourner davantage vers les autres.
4-Marie-Suzanne, expliquez-nous brièvement pourquoi vous êtes demeurée sans enfant.
À l’âge de 30 ans, j’ai été frappée par une ménopause précoce. J’ai appris alors que je ne pourrais jamais avoir d’enfant. C’était la première fois de ma vie que je perdais l’usage d’une des fonctions de mon corps ce qui a eu l’effet d’un choc. La première année suite au diagnostic a été particulièrement ardue. Toutefois, malgré le son de l’horloge biologique retentissant de plus en plus fort, ma vie à l’époque ne me permettait pas d’élever un enfant.
Également, aussi étonnant que cela puisse paraître, j’ai toujours soupçonné que j’étais peu fertile avant d’en avoir la confirmation médicale.
5- Vous êtes-vous sentie soutenue par votre famille et vos amis?
Oui.Toutefois,les blagues et allusions des collègues de travail liées à la ménopause m’ont affectée pendant un certain temps. Les femmes, par leurs propos, me donnaient souvent l’impression que lorsqu’on est ménopausée, on est bonne pour la poubelle!
6- Vous a-t-on prescrit des hormones de remplacement?
En effet. Pendant des années, j’ai ingéré des hormones qui me donnaient des règles. J’avais besoin d’avoir l’impression que mon corps fonctionnait normalement. Puis, le temps a passé et je n’ai plus ressenti la nécessité d’avoir des règles.
7- Chloé, croyez-vous que le fait de vieillir sans enfant inquiète votre tante?
Je crois que la crainte de perdre son autonomie et de devoir prendre soin d’elle-même seule, inquiète ma tante. Toutefois, je peux vous assurer qu’elle sera bien entourée de sa famille et que nous serons toujours là pour elle.
8- Marie-Suzanne, qu’avez-vous fait pour souligner vos soixante ans?
Je suis partie seule pour un long voyage en Asie munie de mon sac à dos. J’ai voulu profiter du fait que j’étais en pleine forme et qu’il me restait encore du temps pour réaliser de belles choses dans ma vie.
9-En vous basant sur votre expérience avec votre nièce Chloé, qu’est-ce que les femmes sans enfant peuvent apporter aux mères?
Elles peuvent apporter du soutien.
De mon côté, je me sens à l’aise de donner des conseils à Chloé car elle accorde de la valeur à mes opinions, même si je ne suis pas mère.
Je crois que c’est un avantage indéniable pour la mère et la non-mère de se côtoyer car de ces échanges naissent des apprentissages durables et enrichissants.
Merci à Chloé et Marie -Suzanne !