Le changement est inévitable. Il est constant. On ne peut y échapper. Il est en nous et à l’extérieur de nous. Si nous y résistons, nous souffrons. Si nous l’acceptons, nous nous sentons en paix. Mais certains changements sont plus difficiles à accepter que d’autres. Un jour, j’étais assise dans le bureau d’un médecin, après avoir essayé d’avoir un enfant pendant dix ans et après cinq ans de traitements de fertilité. J’ai demandé à mon médecin si notre situation était de ma faute, il m’a répondu « oui ». Il m’a également dit que je ne pourrais jamais être une mère biologique. C’est ainsi que cela s’est passé. Mon rêve. Le rêve de ma vie, anéanti. Mon identité, anéantie. Mon mariage, écrasé. J’étais comme un tas de poussière sur le sol. Vous auriez pu facilement me ramasser avec un balai et me mettre à la poubelle. Je ne voulais pas de cela. Je ne voulais rien savoir de tout cela. Ce n’était pas comme ça que les choses devaient se passer. Je ne savais pas comment être. Je ne savais pas où aller. C’est ce qu’on appelle la « mort de l’ego ». Un changement si important qu’il vous brise. Vous n’avez pas d’autre choix que de vous reconstruire complètement, car la personne qui existait auparavant n’est plus là. Le deuil est la première étape, car nous devons reconnaître ce que nous avons perdu, honorer les sentiments que nous avions pour ce rêve et dire au revoir à notre rêve. Cela m’a pris quelques années, avec l’aide d’une thérapeute et d’un groupe de soutien. C’était un gros travail. Je n’aurais pas pu le faire toute seule. Ensuite, il faut pardonner. C’est également une tâche difficile, mais il faut le faire si l’on veut aller de l’avant. Nous devons nous pardonner à nous-mêmes et aux autres, pour TOUT. Ensuite, il faut se reconstruire. C’est un autre point important. Comment faire ? Un jour à la fois, une heure à la fois, une minute à la fois. Nous devons revenir à l’essentiel. Nous apprenons à vivre dans le PRÉSENT et à simplement ÊTRE. Des plans pour l’avenir ? Des projets d’avenir ? Je n’en ai pas. Cela ne m’intéresse même pas. Si je pense à l’avenir ou au passé, mon esprit s’emballe. J’y ai vécu longtemps. J’y ai passé des années. C’était si douloureux. Je ne veux plus de ça. Qu’est-ce que je veux ? LA PAIX. La paix est tout ce que je veux. Cela ne veut pas dire que tout est parfait. Nous pouvons être en paix sans que tout ne soit parfait. Nous pouvons regarder à l’intérieur de nous-mêmes et écouter ce que nous ressentons, en restant en contact avec nos émotions. S’asseoir calmement avec nos émotions. Nous pouvons pratiquer la PRÉSENCE. Regardez autour de vous, sentez, touchez, entendez, que se passe-t-il en ce moment ? Observez. Je vous le dis, c’est une chose difficile à faire…..Mon esprit ne cesse de vouloir vagabonder vers le passé et l’avenir, comme un animal sauvage qui ne peut pas rester assis. Il est vraiment difficile de changer nos habitudes….Lorsque nous sommes conscients de nos pensées, nous pouvons les rattraper et là on se ramène au moment présent. Nous pouvons également pratiquer la GRATITUDE. Il y a toujours une raison d’être reconnaissant. La chaleur du soleil sur notre visage, une étreinte chaleureuse d’un être cher, le chocolat. Mmmmm le chocolat…..si délicieux…..désolée, mon esprit s’égare en ce moment….Je dois m’arrêter, sans jugement, et revenir au présent. Alors non, je n’ai pas pu réaliser mon rêve. Je n’ai pas d’enfant. Ce n’était pas mon choix. Mais après un long chemin semé d’embûches, je suis maintenant capable d’accepter cette situation. Ce n’est pas juste ? Non, ce n’est pas juste. Mais là encore, la vie n’est pas faite pour être juste. La vie EST tout simplement. La vie ne nous doit rien. Elle EST, tout simplement. Il fut un temps où entendre cela m’aurait fait basculer dans une crise de colère et de douleur. C’est parce qu’à l’époque, je n’avais pas fait mon deuil, je n’avais pas pardonné à moi-même et aux autres, je n’avais pas accepté ma situation PRÉSENTE. Oh, la revoilà, cette PRÉSENCE. Nous ne pouvons pas y échapper. Tout comme le changement. Ils sont toujours là. J’ai donc cessé de lutter. Je me suis rendue. J’ai accepté. J’ai apprécié. Un jour à la fois, une heure à la fois, une minute à la fois. Grâce à cela, j’ai appris que je suis digne. Simplement parce que JE SUIS.
Marie-Hélène Brody