La réponse de femmesansenfant.com à Bianca Longpré

C’est pour donner suite à la parution du texte de Madame Bianca Longpré dans le Huffington Post Québec aujourd’hui, que j’ai décidé de prendre parole, simplement, pour parler des femmes sans enfant qui me lisent, m’écrivent et viennent à ma rencontre. 

Chère Madame Longpré,

Comme tous les matins vers les 6 heures, depuis novembre 2012, j’ouvre mon ordinateur, publie et relaie bénévolement des articles issus du monde entier traitant des femmes sans enfant par choix ou par circonstances de la vie.

Je prends par la suite la direction de plusieurs écoles de la Rive-Sud de Montréal où je travaille auprès d’enfants immigrants en francisation. Je contribue ainsi, tous les jours, à former et à m’assurer d’intégrer ces Québécois qui feront la richesse et la diversité de notre nation québécoise de demain. Ma manière de redonner à la société.

Ce matin, une mère de deux enfants dédiant une partie de son temps à la rédaction d’une thèse de doctorat sur les femmes sans enfant, m’a fait parvenir votre article qui, je l’avoue, m’a fait réfléchir.

J’ai aussi eu la profonde conviction, en lisant votre texte, que mon travail pour faire entendre, connaître et comprendre les vies des femmes sans enfant était loin d’être terminé.

Je souhaite ainsi, contribuer à nourrir votre réflexion et à répondre à vos questions au sujet de la non-maternité d’une femme sur quatre, actuellement au Canada.

Qui suis-je pour vous juger ?

Je choisis donc de vous informer à la lumière de tous ces témoignages de femmes sans enfant que je reçois en personne, par les médias sociaux ou par l’entremise de mon blogue femmesansenfant.com. Votre texte renforce en moi la conviction qu’il est grand temps de faire entendre davantage nos voix dans les médias pour contribuer à faire tomber les tabous et jugements entourant la non-maternité.

À votre première question :

« …Pourquoi des gens décident de tout garder pour eux? De ne pas partager et redonner à la prochaine génération? On ne parle pas d’aller au cinéma avec un neveu là. On parle d’avoir des enfants. De redonner pour vrai…. »

Je répondrai ceci :

Pour moi, le seul acte de donner sans compter à un autre être vivant est digne de reconnaissance et de valeur sociétale. On peut donner à un élève, un voisin, un parent, un amoureux, un inconnu, un collègue ou même à un animal. On peut aussi, par altruisme, avoir envie tout simplement de se donner de tout cœur à une cause. L’amour et le partage ne se limitent pas à la relation de parent à enfant.

Je peux aussi vous affirmer connaître , de près ou de loin, de nombreuses femmes sans enfant à travers la planète qui, loin d’être égoïstes, se donnent pour les autres, pour une cause : Marie-Soleil Michon, Marie Denise Pelletier, Chloé Ste-Marie ,Geneviève Brouillette, Pénélope McQuade, pour ne nommer que celles- là. Je pourrais poursuivre cette liste qui constituerait en soi une série de volumineux tomes relatant les histoires de vie marquantes de plusieurs femmes sans enfant. Je vous invite d’ailleurs à découvrir les parcours de plus d’une centaine de ces femmes de toutes origines sur mes tableaux Pinterest.

À cette autre question que vous soulevez :

« ..Est-ce juste que les gens qui décident de ne pas avoir d’enfants profitent des mêmes avantages que ceux qui ont décidé de s’investir, par choix oui, en devenant parent? Est-ce que les parents ne devraient pas profiter d’avantages? Je crois que oui. En tant que mère et contribuable, je considère donc que j’ai droit d’être reconnue comme une contribuable supérieure, comme tous les parents. Oui mesdames et messieurs, l’élite, ce sont les parents… »

Je répondrai :

Ne vivons-nous pas dans une société qui souhaite être égalitaire ? Les femmes sans enfant, qu’elles le soient par choix ou par circonstances, ont aussi droit au respect, à la considération et à la reconnaissance de la part de la société. De l’acceptation et de la tolérance pour toutes, quels que soient les choix ou les circonstances qui les ont menées à la non-maternité. C’est le type de société que je souhaite contribuer à bâtir pour les enfants d’aujourd’hui et pour les femmes vieillissantes que nous serons demain.

Enfin, à cette dernière affirmation :

« …Donc ceux qui choisissent de pouvoir dormir le matin et de ne pas redonner tout ce qu’ils ont reçu nous en doivent une. En gardant pour eux tout leur temps, tout leur argent, toutes leurs valeurs, tout leur sommeil, les «sans enfant» devraient cotiser davantage que ceux «avec enfant»… »

Je répondrai cela :

N’avons-nous pas décidé comme société de contribuer au bien-être de tous les Québécois en payant nos taxes et nos impôts, que cela nous touche de près, de loin ou pas du tout ? Bien qu’étant une femme sans enfant célibataire, je contribue de manière solidaire à faire de cette société un lieu où peut s’épanouir le plus grand nombre, avec ou sans enfant.

Enfin, Madame Longpré, je terminerai ce texte qui vous est destiné, en partageant avec vous les valeurs auxquelles j’aspire et qui prennent souvent une vie entière à acquérir. Ainsi, je persiste à croire et à défendre que le non-jugement, l’empathie et la compassion puissent contribuer à changer le monde pour le mieux et pour tous !

Bonne réflexion…

Catherine-Emmanuelle Delisle

femmesansenfant.com

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11 Comments

  1. sophie mousset 2016/02/25 at 3:08 pm

    Il me semble que l’article de Bianca Longpré dénonce en réalité des désirs refoulés. Si elle y tient vraiment, on peut lui raconter à quel point nous autres, femmes sans enfant, sommes soumises à des réflexions et remarques permanentes, à des doutes, mais oui, sans parler de la solitude une fois la vieillesse arrivée. Et surtout, surtout, j’aimerais lui poser cette simple question: pourquoi ne pose-t-on pas la même question aux hommes? Pourquoi n’exige-t-on pas la même chose des hommes?

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  2. François C. 2016/02/25 at 6:19 pm

    Hello

    Je suis un homme stérile en raison de la fibrose kystique et je viens de lire le texte de la mère, puis votre réponse, merci au fil de Facebook.

    J’ai beaucoup souri en lisant que les gens qui font des enfants sont supérieurs et méritent plus de reconnaissance et de compensation.

    J’ai aussi beaucoup apprécié la sérénité de votre réponse, c’est un signe de quelqu’un qui n’a pas besoin de convaincre qui que ce soit.

    Depuis que j’ai été forcé de cesser de travailler, comme vous j’ai compris que contribuer significativement à la société est possible, sans payer d’impots ou faire des enfants.

    Reply
  3. Pascale 2016/02/26 at 8:32 am

    Bon matin, je suis une maman de 3 enfants et je ne peux pas endosser toutes les paroles que cette femme a dites. Et je ne peux pas non plus m’expliquer pourquoi elle a été publié!!!! Je me demande bien quelles valeurs elle transmet à ses enfants???
    J’ai bien apprécié votre réponse qui a été faites dans le plus grand respect.
    Continuez votre bon travail….

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  4. leveil 2016/02/27 at 10:08 pm

    Bonjour,

    je suis une femme française et j’interviens par rapport à cette histoire d’impôts : les sans-enfant, par leur cotisations et impôts, participent à l’entretien et la création de nouvelles écoles, crèches, parcs et structures de jeux, ainsi qu’à la rémunération de toutes les personnes nécessaires à cet entretien, … alors qu’ils n’auront pas d’enfant qui en profitera, donc, en étant pragmatiques, on peut considérer qu’ils paient pour ceux qui ont des enfants.

    De la même façon, en France, on touche diverses aides et surtout, abattements d’impôts proportionnels au nombre d’enfant(s) par foyer.
    Ces aides sont issues entre autres des impôts, que paient davantage les sans-enfant, étant donné qu’ils ne bénéficient d’aucune remise…

    J’ai moi-même des enfants, ce qui ne m’empêche pas de militer pour que les gens, et en particulier les femmes, subissent moins cette pression sociale d’enfanter, qu’elles puissent assumer leur choix (quand c’en est un) de ne pas enfanter sans être jugées en permanence.

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  5. Pat 2016/03/01 at 6:13 am

    J’ai été heurté profondément par les propos de cette blogueuse Bianca Longpré. Pourquoi parce que je suis une mamans sans enfants… j’ai accouché d’enfants que la vie a quitté dés leur naissance, alors oui je paie des impôts, des taxes et autres comme tout le monde, mais mes impôts mes enfants n’en profiteront que pour le enterrement. Si c’est ça être égoïste alors oui je dois l’être, parce que je pense à eux et à la place qu’ils auront toujours dans mon coeur. Et je pense aussi aux enfants de cette femme et je pleure sur les valeurs qu’elle leur inculque. La bienveillance, la gentillesse, l’ouverture d’esprit ne sont pas ses ami-e-s, et c’est bien triste.

    Reply
  6. Yves 2016/03/04 at 10:02 pm

    Juste un petit mot de la part d’un homme pour appuyé votre cause : c’est une marque d’intelligence et de respect pour notre société et notre planète terre de résister a la tentation de “peuplé” en notre “nom” souvent pour se créer une fausse “vie éternelle” a travers nos enfants…la population mondial atteint le 7.3 milliards et notre planète ne suffit plus… bravo a tout ceux qui réalisent ceci et bravo aux femmes qui ont elles aussi le droit de vivre leur vie a elle…

    Reply
  7. Marie 2016/03/19 at 10:15 am

    J’ai été choquée par les propos de Bianca Longpré et je salue votre calme, la lecture de ses questions m’ont fait perdre le mien.
    Elle utilise un vocabulaire dangereux, selon moi. Parler de “supériorité” n’est pas anodin.
    L’égoïsme, pour moi, est davantage du côté de ceux qui veulent retrouver, en leurs enfants, une image d’eux-mêmes. S’il s’agissait simplement de générosité, pourquoi les couples n’adopteraient-ils pas, il y a tant d’orphelins de par le monde. Pourquoi préfèrent-ils avoir des enfants qui soient de leur sang et de leur chair ?
    Que fait-elle des personnes qui ne peuvent avoir d’enfant parce qu’ils sont infertiles, parce qu’ils ont été malades, les considèrent-elles comme des êtres inférieurs ? LA supériorité réside t-elle dans le fait de se reproduire et d’être utile ? Les handicapés profonds, le personnes âgées, tous ceux qui ne peuvent contribuer à la reproduction sont-ils à classer dans une catégorie “inférieure”, il y’a donc un système de hiérarchisation de l’être humain selon elle ?
    je ne sais pas ce qu’il en est réellement, mais j’ai eu l’impression, à la lire, qu’elle considérait les enfants comme un poids, une contrainte, plutôt que comme un miracle, un bonheur.
    Ils sont douloureux ses mots.

    Reply
  8. lyse 2016/05/23 at 11:10 am

    BIANCA L. a beau être mère, elle me semble bien égoiste dans sa façon de voir le monde (divisé en 2 catégories). Elitisme, intolérance, rancune… Irais-je jusqu’à parler d’amertume, de jalousie ou d’aigreur.. Sont-ce là de bonnes valeurs à transmettre à une nouvelle génération. Je ne crois pas..
    Merci d’avoir mis des mots sur des maux que cette dame ne connait et ne respecte visiblement pas..

    Reply
  9. Sophia 2016/07/02 at 12:03 pm

    Bonjour,
    Merci Catherine-Emmanuelle pour votre blog et réponse intelligente.
    Je suis moi aussi choquée des propos de Mme Bianca L. !!
    Est-ce que Mère Teresa, Soeur Emmanuelle ont eu des enfants ? Est-ce que le Dalaï-Lama, d’autres moines respectés et d’autres Initiés honorés ont eu des enfants ?? A ma connaissance, non, n’en déplaise à Mme Bianca L.
    En dépit de cela, ce sont des personnes respectées qui font un bien énorme sur la planète.
    Et je ne parle pas des personnes qui, pour des raisons physiques et psychologiques diverses, ne peuvent pas avoir d’enfants. Est-ce que cela fait d’elles des mauvaises personnes ? Certainement pas.
    Je suis moi-même femme sans enfants. Infirmière de formation de base + diverses formations complémentaires, j’ai créé mon entreprise et j’oeuvre actuellement à titre indépendant pour l’aide à la personne, (tout âge et classes confondues). C’est un grand travail que je ne pourrais pas mener de la même façon si j’avais des enfants et une famille à m’occuper.
    Et vous pensez bien aussi, que je cotise mes assurances sociales et paie mes impôts…
    De plus, laissez-moi vous dire qu’au travers ma profession, j’ai rencontré des femmes avec enfants, maltraitant leurs progénitures, profitant de leur mari, à des fins égoïstes! justement, pour s’assurer un amour qu’elles n’arrivaient pas à se donner elle-même (par une connexion à leur propre Source).
    Je trouve les propos de Mme Bianca L. injurieux, blessants, voir infantiles.
    A bon entendeur,

    Reply
    1. Catherine-Emmanuelle Delisle 2016/07/07 at 11:43 am

      Merci Sophia pour votre message. Les propos de Madame Longpré ont choqué beaucoup de gens. Il ont eu l’effet d’un tsunami au Québec.Une réponse était essentielle de ma part. Contente de voir qu’elle vous a touchée. Merci de me lire!

      Catherine-Emmanuelle

      Reply

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