« Je ne m’en sortirai pas » est ma première pensée en réalisant que je suis profondément enfoncée dans le puit de la dépression. C’est un sentiment particulier. Entre l’impuissance et le désespoir, le lâcher prise et l’instinct de survie.
L’envie de démissionner de ma vie est omniprésente depuis plusieurs mois, voire même quelques années. Les petits bonheurs ne suffisant plus à me soutenir, laisser tomber le combat devient une option. Et c’est cette option qui est effrayante. Je ne fais pas référence au suicide. Non. L’apathie. Face à ce qu’on vit, à ce que les autres vivent, face à ses proches, face au futur. « Rien à foutre » que je me répète en boucle. Les « Ça ne sert à rien » qui m’habitent en permanence.
Voir passer la parade, bien ancrée sur le trottoir, sans sentir le droit d’y participer. Autre perception omniprésente. Mais ça provient de plus que la dépression, ça. C’est le célibat, la vie hors norme de la femme sans enfant, la fibromyalgie, la covid longue, le complexe de l’imposteur, le manque d’estime de moi. Tous les ingrédients d’une recette amère et complexe qui me bourrent le ventre depuis des lustres. Depuis 1000 ans ¼, comme je me plais à plaisanter. Mais ce n’est pas drôle. Ni cocasse, ni absurde, ni divertissant et encore moins agréable. C’est lourd et soufrant.
En plus de cette douleur, s’ajoute la honte, la crainte d’être stigmatisée. D’être encore plus différente, de ne pas être productive, d’être faible, de penser qu’on exagère et qu’on pourrait endurer encore…
« Quand on est dans un trou, la pire chose à faire est de continuer de creuser. », dit Warren Buffett. Je cite le grand financier depuis des années. Mais faut quand même réaliser qu’on s’enfonce. Que les sables mouvants nous tirent vers le bas. Que la noirceur s’installe au profit du bonheur. Et quand on pense avoir atteint le fond mais qu’un nouveau gouffre nous aspire, tel un trou noir… on se sent brisée.
Cette réalisation, quoique primordiale, n’est que le début du chemin. Quoi faire maintenant qu’on sait. Que l’étiquette nous a été apposé…
Certains de nos proches, tente avec bienveillance, mais sans succès, de nous réparer. D’autres deviennent une douce présence nécessaire. Et les autres… ils disparaissent comme un courant d’air. Bon vent! Les épreuves provoquent un tri naturel de l’entourage. C’est sain.
Cette cassure fait aussi en sorte qu’on se retrouve face à la partie sombre de soi-même. Celle que l’on a placé dans la boîte à pain, celle qu’on se cache depuis toujours. Faut maintenant y faire face. La regarder sous toute ses coutures. Ce serait utopique de l’accepter. Mais la tolérer… la comprendre… cohabiter.
C’est un processus, évidemment. Et on n’en connait pas la date d’expiration, ce qui est assez inconfortable. Mais de quoi est composé cette remonté vers la surface? À chacun sa façon de surmonter l’adversité, bien sûr… Mais je demeure convaincue qu’il y a des marches communes pour monter l’échelle qui nous éloigne de ces souffrances.
Le partage. Les proches. Le temps. Le repos. La bienveillance. La psychothérapie. Clichés. Mais ce ne sont pas des clichés pour rien. Ils permettent une remontée vers la surface. Lentement mais surement. Re cliché. Re pas pour rien.
Chaque marche montée doit être célébrée comme une victoire vers la lumière, comme un retour au nouveau normal. Et ce nouveau normal, si difficile à atteindre, apporte une bouffé d’air frais.
Je ne suis pas encore sortie du trou. Mais j’entrevois de plus en plus la clarté…
Stéphanie
Tu souffres et tu te sens seule? N’hésite pas à aller chercher de l’aide auprès des TRA, thérapeutes en relation d’aide, des psychothérapeutes, des psychologues, des psychanalystes ou des psychiatres de ta région.