Vouloir des enfants et ne plus en vouloir
Mon amoureux et moi nous sommes rencontrés à 24 et 23 ans. Dès le début, on s’est parlé de notre désir d’avoir des enfants. Sans ce désir commun, je doute que notre relation se serait poursuivie, car nous avions déjà quelques obstacles à notre histoire: nous nous sommes rencontrés à l’étranger, nous venions de pays différents, n’avions pas fini nos études, ne parlions pas la même langue, etc. Les démarches d’immigration ont duré plusieurs années et nous avons arrêté la contraception quand j’ai eu 29 ans.
Les six années qui ont suivi ont été la période la plus malheureuse de ma vie et une grosse épreuve pour notre couple. Mon désir d’enfant inassouvi était devenu une obsession. Mon conjoint ne ressentait pas la même urgence ni le même désespoir, mais il souffrait de me voir ainsi.
Pendant cette période, j’ai réfléchi aux raisons qui faisaient que je voulais des enfants, ce que je n’avais jamais vraiment fait auparavant. J’ai constaté que j’avais autant de raisons d’en vouloir que de ne pas en vouloir.
Le temps a passé. Après deux fausses couches précoces à 2 ans d’intervalle et un diagnostic d’infertilité inexpliquée, nous avons décidé de ne pas avoir recours au traitement proposé (la FIV), à cause des risques mais surtout parce qu’à ce moment-là mon désir d’avoir des enfants, même un seul, n’était plus aussi vif. Mon processus de deuil était déjà avancé. Pour mon conjoint, c’est survenu de façon décalée, plus tardivement.
Aujourd’hui, nous amorçons la quarantaine tournés vers des projets à deux, conscients que notre vie aurait pu être différente, mais sans regret et sans sentiment de manque.
Celles qui ne veulent pas d’enfants se font souvent dire qu’elles changeront d’idée. Pour moi, ça a été le contraire qui s’est produit.
Caroline