16 septembre: Nos histoires
Si vous êtes sans enfant par circonstances à cause de votre infertilité, parce que vous n’avez pas rencontré la bonne personne au bon moment ou pour toute autres raisons, votre histoire mérite d’être partagée et entendue. Voici le témoignage de Sabrina.
Il était une fois une petite fille âgée de 5 ans qui adorait jouer aux poupées. Elle faisait semblant d’être une maman à un point tel où elle imaginait qu’elle était enceinte. Elle se promenait avec un oreiller sous son chandail en affichant un magnifique sourire. Elle disait à tout le monde: regardez-moi! Un jour, moi aussi je serai une maman.
Mon nom est Sabrina, j’ai 37 ans et en septembre prochain ça fera 10 ans que j’ai reçu mon diagnostic d’infertilité. Je suis une femme sans enfant par circonstance de la vie et aussi par choix. Jamais je n’aurais cru que mon plus grand rêve allait devenir mon pire cauchemar. Vous souvenez-vous de la fin des histoires pour enfants : Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants ? Pour moi, c’était de la vraie bullshit.
Pour faire un résumé, j’ai rencontré mon conjoint en Août 2007. En Février 2008, nous avons appris que maman avait un cancer. À partir de ce moment-là, je me suis senti en état d’urgence. Je voulais tout de suite réaliser mon plus grand rêve; celui d’avoir des enfants. Je voyais toutes mes amies tombées enceinte et je me disais que ce n’était pas sorcier. Que si elles étaient capables, moi aussi. Alors, j’ai arrêté la pilule contraceptive et nous nous sommes mis aux travaux pratique.
Six mois après l’arrêt de ma pilule je n’avais pas encore mes règles. J’ai donc été voir mon médecin de famille et elle me dit que ça pouvait prendre juste qu’à 1 ans et même 1 an et demi avant que mes règles reviennent. Qu’il ne fallait pas que je stress avec ça, que mes règles allaient revenir. Alors, le temps passa.
Durant nos travaux pratiques, d’autres de mes amies m’annonçaient qu’elles étaient enceintes. J’étais l’amie qui allait magasiner des petits pyjamas pour les bébés des autres. Au début, c’était le fun, mais j’étais tellement aller dans les boutiques pour enfants que les vendeuses me demandaient quand ça allait être mon tour. Malaise…
Nous voilà le 9 Mai 2009, la date où ma vie prenait un virage à 180 degrés. Le destin avait décidé que la vie de ma maman était terminée. Vous savez quand vous avez l’impression que la vie continue et que vous vous restez sur place et vous vous rendez compte de rien de ce qui se passe autour de vous. C’était comme ça que je me sentais. Je n’avais plus d’émotion et le projet bébé était sur la glace.
Un soir du mois de septembre 2009, je rêve à ma maman qui me dit: écoute ta petite voix, elle te guidera vers le bon chemin. La porte de ton projet est fermée, mais il y a une belle fenêtre d’ouverte. À la première heure le lendemain, j’appelais à la clinique et je demandais moi-même à mon médecin de passer une prise de sang pour voir si mon taux d’hormones était normal. Je vous laisse deviner les résultats: Ménopause précoce à 27 ans. Vraiment là, c’était comme si je sautais d’un édifice sans parachute. Je n’avais AUCUN contrôle sur ma vie. Une tempête d’émotions. Un troisième deuil. J’avais aussi perdu mon grand-papa de mon côté paternel 1 mois après le départ de ma maman. Vraiment là, j’avais très hâte que 2009 finisse. Je n’en pouvais plus.
Je ne le croyais pas. Moi qui ai toujours pris soin des enfants des autres. Moi qui suis éducatrice à la petite enfance. Moi qui suis en amour avec un homme qui a un cœur gros comme le ciel. Vraiment là, je ne m’y attendais pas du tout. Déjà, que je me remettais en question au point de vue personnel vis à vis le deuil de ma maman. Me voilà en remise en question point de vue professionnel et amoureux. Vais-je continuer à travailler avec les enfants, ce qui veut dire prendre soin des enfants des autres, même si moi je ne peux pas en avoir. Vais-je continuer d’être en couple avec mon amoureux, même si JEsuis le problème de notre projet bébé? Les questions, les doutes venaient se bousculer dans ma tête. Je peux vous dire que 2009 as été une année où j’ai dû m’arrêter et réfléchir. En Octobre, j’ai donné ma démission à la garderie où je travaillais, car tout cela était trop lourd sur mes épaules.
Après avoir passé par toute la gamme des émotions, 10 ans se sont écoulés. Je suis encore en amour avec l’homme que j’ai rencontré il y a 12 ans. Nous avons fait le choix de ne pas aller en clinique de fertilité et aussi de ne pas adopter. Nos sœurs ont de magnifiques enfants que nous aimons et gâtons le plus souvent possible. Nos amis aussi ont tous des enfants et nos moments passés avec eux et leurs tout-petits sont simplement magiques. Avec le temps, j’ai enfin compris ce que ma maman me disait dans mon rêve. La porte de MA maternité s’est peut-être fermée, mais ma fenêtre qui est grande ouverte est mon métier d’éducatrice à la petite enfance. C’est pour cette raison que J’ACCEPTE bien mon diagnostic d’infertilité aujourd’hui.
Sabrina Blanchet