17 septembre: Lettres intimes : se pardonner
En cette journée, le pardon sera au coeur de notre réflexion. Le pardon qu’on s’offre comme cadeau à soi-même en lien avec notre cheminement. Voici le texte poignant de Nancy
Je suis cette femme qui a félicité, embrassé, enlacé tant de mamans en devenir à l’annonce de leur grossesse.
Je suis cette femme avec qui tant d’autres ont partagé leur joie de faire naitre la vie en elle.
Je suis cette femme qui s’est réjouie pour certaines et qui en a jalousés d’autres.
Je suis cette femme qui est allé voir les bébés à la maternité, qui a participé aux baptêmes, qui a fêté les anniversaires,… on espérant désespérément y avoir droit.
Je suis cette femme à qui on a dit « Tu as de la chance de ne pas avoir d’enfant. Pas d’enfant, pas de souci ».
Je suis cette femme qui, devant vous, a toujours ravalé ses larmes.
Je suis cette femme qui, seule, a souvent pleuré.
Je suis cette femme pour qui très peu de personnes ont de l’empathie. Personne (ou si peu) ne te demande ce que tu ressents de ne pas avoir d’enfant dans une société qui glorifie la maternité (et non l’amour de ces enfants). Personne ne se dit que ça pourrait te causer de la peine …Et pourtant… Si tu n’as pas d’enfants, c’est que forcément tu n’en veux pas. « Quand tu en veux vraiment, tu y arrives forcément » disent-ils.
Je suis cette femme qui n’a pas d’enfant et qui voulait absolument en avoir.
Je suis cette femme qui doit vivre malgré tout.
Je suis cette femme qui ne comprend pas pourquoi cela lui arrive à elle. Je m’en suis longtemps voulue de ne pas avoir été capable de rencontrer la bonne personne avec qui fonder une famille. Je me suis sentie tellement inférieure aux autres, envahie par un énorme sentiment d’échec. J’avais peur de rencontrer d’anciennes connaissances et de devoir dire que je n’ai pas fondé de famille. J’en souffre tous les jours. Depuis 15 ans, il n’y a pas un seul jour où je n’y pense pas. J’ai appris à survivre puis à vivre avec cette douleur. Un peu à l’image d’une vague qui vous caresse ou vous emporte vers les profondeurs. La douleur est toujours présente mais à des degrés divers selon les jours.
Avec le temps, j’ai compris qu’à chaque instant de ma vie, à chaque décision, j’ai fait de mon mieux. Ma vie devait être celle-ci et je ne voudrais être aucune autre personne que la femme courageuse que je suis devenue. Je ne peux pas refaire le passé. Après avoir vécu pendant 15 ans en stand-by, je décide de prendre ma vie en main, de l’aimer, de l’assumer. Personne ne m’appellera maman mais je ne suis pas seule au monde et ma vie est aussi belle que beaucoup d’autres.
Je suis cette femme qui a décidé de relever la tête après avoir trop baissé les yeux de honte et de chagrin.
Je suis cette femme qui accepte son destin, avec les hauts et les bas que ça entraîne.
Je suis cette femme qui refuse de soumettre sa vie, ses plaisirs, ses sentiments aux idées d’une société aux pensées archaïques.
Je suis cette femme qui decide de se pardonner et d’avancer…
Nancy
Comme c’est bien dit Nancy et comme je te comprends !
Le pardon n’est jamais quelque chose de facile, surtout lorsqu’il s’agit de soi-même.
Merci pour ce beau texte et bon courage,
Nadine
Oh là, là! Je me retrouve beaucoup sur plusieurs points dans ce texte Nancy!
Cela m’a fait du bien de lire quelqu’un qui vit la même chose, ou à peu près, que moi!
C’est bouleversant! Il m’est arrivée de me sentir incomprise et coupable de penser certaines de ces choses! Après 9 inséminations, dont 3 avec donneurs(Car mon merveilleux mari pense que l’infertilité vient de lui, même si nous sommes tous les deux diagnostiqués: infertilité inexpliquée.), 5 fécondations In-vitro et 12 ans d’attente d’adoption en Chine, j’ai beaucoup de courage et je dois aussi non seulement me pardonner pour la culpabilité que j’ai pu avoir, mais également me féliciter d’être la femme que je suis: forte, heureuse et confiante malgré tout!
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Wao quel magnifique texte ! J’aurais pas du le lire au boulot j’en pleure de réalité car moi aussi je suis cette femme… Mais je n’ai pas encore passé le cap de me dire que je vis, je survis juste… Et je redoute Noël, et je redoute la naissance de la fille de ma meilleure amie qui a galéré mais réussi,et je redoute la comparaison avec toutes les femmes, bref je redoute ma vie de femme sans enfant et je vous respecte et vous admire pour ce magnifique témoignage. Bien à vous