Je suis une femme de près de 50 ans, sans enfant et stérile. J’ai toujours eu un chat. Depuis l’âge de deux ans, nous avons toujours eu un chat à la maison. Ma sœur avait 9 ans de plus que moi. Mon chat était donc mon compagnon de jeu. Vers l’âge de 9 ans, nous sommes allés dans une ferme familiale et j’ai trouvé un chaton dans la grange. Au moment de partir, je le tenais dans mes bras à l’intérieur de la voiture. Ma mère, surprise, m’a demandé pourquoi je voulais un chat. Je lui ai répondu : « Je lui raconterai tous mes secrets ». Elle m’a laissé le garder une fois que nous lui avons donné un bain complet dès notre arrivée à la maison. Il a grandi avec moi. Il était toujours là, étant un chat d’intérieur. Il faisait parfois des bêtises, comme grimper sur les rideaux de ma mère, jouer avec les décorations de l’arbre de Noël ou faire ses griffes sur le canapé familial. Mais il était toujours là. Que je sois heureuse ou contrariée, il était là. Quand je rentrais de l’école, il était là. Nous l’avons gardé jusqu’à la fin de sa vie, même s’il a un jour volé un poisson entier sur le comptoir de notre cuisine, qu’il a traîné jusqu’à la cave sur le tapis tissé à la main de ma grand-mère décédée. Il faisait partie de notre famille. Ma mère, qui n’aimait pas les chats, lui parlait dans la cuisine quand elle pensait que personne ne regardait. Chaque membre de notre famille lui parlait ou lui disait bonjour en sa présence. Lorsqu’il est devenu vieux et très malade, nous l’avons fait euthanasier. Je n’ai pas pu aller chez le vétérinaire pour le faire. Je n’étais plus qu’un tas de larmes à terre. Mon petit garçon. Mon meilleur ami. Mon témoin de tout…..
Plusieurs années plus tard, mon conjoint et moi sommes allés chercher un chaton à la SPCA. Nous adorions tous les deux les chats. Nous avons pris soin d’elle et nous avons toujours été là pour elle. Elle a été le témoin de chaque étape de notre vie, des bons et des mauvais moments. Elle nous a fait rire : comme lorsque nous l’avons trouvée endormie dans ma pile de papiers non classés. Elle nous a aussi fait peur : comme lorsqu’elle est tombée de notre balcon. Elle a réagi lorsque on se chicanait : en sautant soudainement sur le lit entre nous alors qu’on se criait après (ce qu’elle n’avait jamais fait auparavant). Elle a été le témoin et la compagne de mes opérations, de mes fausses couches, de mes larmes, de ma colère, de mes rires. Elle était toujours là. Elle était là, tout simplement. Cette petite présence calme….sans aucun jugement.
Quelques années plus tard, la grand-mère de mon conjoint est décédée et elle avait un chat qui avait besoin d’un foyer. La famille nous a demandé si nous pouvions l’accueillir et nous avons dit « oui ». Avoir deux chats en même temps était nouveau pour moi. Elles ne s’aimaient pas. Finalement, nous avons trouvé un certain équilibre dans notre famille qui s’agrandissait… les deux chats ont trouvé un moyen de se tolérer l’une l’autre, avec quelques combats de pattes de temps en temps.
Rapidement, le deuxième chat est tombé malade, avec toutes sortes de problèmes de santé, des problèmes de dents et de thyroïde au début. Nous étions là pour elle. Toujours. Nous avions convenu qu’aucun être vivant ne devait souffrir sous notre toit. Puis elle est tombée gravement malade….nous avons découvert qu’elle avait un cancer… nous l’avons gardée jusqu’à la toute fin, alors qu’elle se cachait toujours, ne sortant que pour manger la nourriture spéciale et délicieuse que nous lui avions donnée. Nous avons dû prendre la décision très difficile de l’euthanasier. Une décision difficile, car pendant les neuf années où nous l’avons eue, nous faisions des traitements FIV pour avoir un bébé. Entre-temps, cette chatte était la plus affectueuse qui soit…. très anxieuse, très colleuse (pas du tout comme ma première chatte qui est si indépendante)… une vraie « fur baby ». Je lui ai même acheté une écharpe de portage pour chat, afin d’atténuer son niveau élevé d’anxiété. Lorsqu’elle est décédée, j’ai perdu ce lien spécial avec ma colleuse. Ce n’était pas un bébé, certes, mais pour moi, c’était quelque chose qui y ressemblait.
Après sa mort, je me suis retrouvée avec mon premier chat qui a maintenant 16 ans et qui vit ses dernières années. Au début, je voulais avoir un deuxième chaton. Je suppose que je ressentais le besoin de m’occuper d’un bébé « quelque chose ». Mon conjoint ne voulait pas d’un autre chat. Il voulait que nous nous concentrions sur notre premier « fur baby » et que nous lui donnions tout notre amour et toute notre attention pour les dernières années de sa vie, car elle avait sacrifié neuf années de sa vie à partager sa maison et ses humains avec un deuxième chat qui demandait beaucoup d’attention et très malade. Il m’a fallu un certain temps, mais j’ai fini par comprendre l’intérêt de cette situation.
Nous sommes revenus au bon vieux temps, juste tous les trois. Nous l’avons observé reprendre possession de toute la maison. Elle était plus calme, elle interagissait beaucoup plus avec nous, tant dans sa présence autour de nous que dans ses miaulements envers nous. Jusqu’à ce jour, lorsque je prépare le dîner, elle sent l’odeur de la nourriture et se prépare à prendre sa « part » en s’asseyant sur le divan, car elle sait que nous allons y aller pour manger et regarder la télévision. Lorsque nous organisons une fête, elle est dehors avec nous et interagit avec les personnes qui lui sont familières. Lorsqu’elle est attaquée dans la cour par un chat mâle errant, nous sommes là en quelques secondes, effrayant l’intrus avec des cris et un pistolet à eau. Elle sait que nos cris et notre pistolet à eau sont destinés à l’intrus et non à elle, car elle reste près de nous.
Mon chat se préoccupe de moi comme je me préoccupe d’elle. Nous formons une équipe. Elle ne me juge pas, contrairement à d’autres humains. Mon chat m’accepte telle que je suis. Elle m’apprend à ÊTRE. Pas FAIRE, mais simplement ÊTRE. Être dans le moment présent. Apprécier le moment présent. Il n’y a rien de mieux que cela. Être dans le moment présent, c’est le secret de la vie. C’est là que nous trouvons la vraie paix et la vraie joie. C’est là que nous connectons avec notre ÂME. Pas de jugements, pas d’attentes, pas de préférences. Accepter ce qui EST. C’est elle qui m’a appris tout cela. Et ce n’est pas facile. Le monde humain me pousse dans d’autres directions, comme les attentes sociales, la comparaison avec les autres, la honte parce que je ne remplis pas les rôles attendus de ce que devrait être une femme. Mais lorsque je rentre à la maison, je la vois qui m’attend, et cela me rappelle que je dois revenir à l’essentiel. Elle, mon conjoint et moi, notre vie simple, calme et aimante ensemble. Est-elle mon enfant ? Non. Mais c’est un être dépendant de moi qui a besoin que je m’occupe d’elle parce qu’elle ne peut pas le faire toute seule. Elle remplit donc le rôle de ce que les gens appellent un « fur baby ». C’est mon chat, mon ami, ma compagne, elle fait partie de ma famille.
On entend souvent des parents critiquer les personnes sans enfant parce qu’elles ont des « fur babies ». Comme si nous étions ridicules ou comme si nos animaux ne devaient pas être élevés au rang de membres de notre famille. Je ne sais vraiment pas quoi répondre à cela, si ce n’est que chacun a le droit de construire sa vie et sa famille comme il l’entend. Certaines familles ont une mère, un père, des enfants… d’autres ont deux mères… certaines familles ont des membres qui ont été adoptés…. d’autres ont des membres avec des couleurs de peau différentes…. d’autres sont une bande d’amis…. d’autres encore ont des animaux. Je ne juge pas les autres pour leurs choix de vie. S’ils sont heureux, je suis heureuse pour eux. Si j’avais pu avoir des enfants, je les aurais eus, mais je ne peux pas. J’ai traversé l’épouvantable parcours de l’infertilité. J’ai dû accepter de ne pas avoir d’enfant, même si cela ne me plaisait pas. Cela a été extrêmement difficile à faire. Il m’a fallu de nombreuses années, mais j’ai réussi à trouver la paix et la joie dans une vie que je n’avais pas choisie. J’ai tiré le meilleur parti d’une mauvaise situation. Quelles que soient les circonstances de votre vie, je vous souhaite de vous sentir en paix, heureux, aimé, fier et en sécurité !
Marie-Hélène (la très heureuse dame aux chats sans enfant !)