Dans le cadre de la World Childless Week 2018, j’ai invité mes lectrices à répondre à l’invitation de l’organisatrice, Stephanie Joy Philipps :écrire une lettre à son ou ses enfants jamais nés, une » lettre du coeur » ou comme Stephanie les appelle, » Letters from our hearts » . Je partage ici, la lettre à son enfant écrite par Myrianne Bolduc, une fidèle lectrice de mon site et une membre du groupe Meetup femme sans enfant Québec.
Comme un sentiment de déjà vu
Quand je suis entrée dans le bureau de l’infirmière ce matin-là, j’ai eu comme un sentiment de déjà-vu. Son expression… le silence… la compassion… Je savais que cette ultime et dernière tentative n’avait pas fonctionné. Que neuf mois plus tard, je ne t’accueillerais pas dans ce monde. Que toi, mon bel embryon de 6 jours de vie, tu avais décidé de ne pas t’accrocher, de ne pas te faire bercer dans mon doux utérus tout prêt à te recevoir. Les deux dernières semaines sont repassées dans ma tête. Et si j’avais fait quelque chose. Sentiment de culpabilité.
Quand je suis allée rejoindre ton papa dans l’auto, il a tout de suite compris. On partait au chalet. Le trajet a été long, silencieux. Ton grand frère à quatre pattes ne comprenait pas ce qui se passait. Où était la joie de vivre. Le plus pénible? L’annoncer à tous ceux qui espéraient également tellement te voir. Toi. Notre petite cervelle gelée! Nous t’appelions avec ce nom rigolo afin de dédramatiser le tout, rendre la chose plus humaine. Notre façon à nous de survivre, de passer au travers cette épreuve.
Mon enfant, je n’aurai jamais l’occasion de te serrer dans mes bras, te cajoler… Je m’excuse de te laisser tomber après toutes ces années sans succès. Ta maman se sent marquée au fer rouge de tous ces traitements de fertilité. J’ai l’impression d’avoir le cœur cassé. De ne plus être en mesure d’avancer.
Je sais que tu aurais reçu une dose d’amour plus grande que la terre entière. Que tu serais né dans une famille aimante qui t’espérait tellement. Que ton papa est le seul avec qui je veux vivre cette aventure. Nous avons fait tout ce que nous avons pu… jusqu’à l’épuisement mon enfant, pour pouvoir te serrer dans nos bras et voir ton sourire illuminé nos visages.
Malheureusement, nous sommes de ce couple malchanceux, qu’on en parle que trop peu, à qui les traitements proposés n’auront pas fonctionné.
Je t’aime mon enfant du ciel,
Myrianne
Découvrez aussi le portrait de Myrianne dans le cadre du projet « Devenez le visage de la non-maternité ».